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LE FINANCIER RABEVEL

Et, tout d’un coup, il eut presque un cri de joie : « Ça y est, je tiens ma combine. Ça y est. » Il regarda son réveil, il marquait trois heures ; il mit la petite aiguille de la sonnerie sur le chiffre six, éteignit sa lampe, se retourna deux ou trois fois dans ses draps en soupirant, puis s’endormit profondément.

À six heures, il fut debout. « Il faut que je le pince au lit, ce bougre, » disait-il à mi-voix. Il s’habilla, descendit dans la rue, héla un fiacre et arriva, comme sept heures sonnaient, à l’École de la rue des Francs Bourgeois. Le portier le reconnut et le salua ; il semblait tout intimidé par l’élégance du jeune homme. « Dites-moi, demanda celui-ci, je voudrais que vous me montriez tout de suite le registre des Anciens Élèves. Il me faut l’adresse de Ramon Sernola. Je sais qu’il fait son droit mais j’ignore où il habite ».

— C’est facile », répondit l’homme. Il sortit et revint au bout d’un moment. « Tenez, dit-il, voilà l’adresse demandée, je l’ai marquée sur ce papier ».

Bernard remercia, tendit un pourboire et reprit son fiacre. Vingt minutes après, il s’arrêtait devant un petit hôtel d’assez piètre mine au fond d’une ruelle du Quartier Latin. Une grosse bonne dépeignée et dépoitraillée s’empiffrait, sur le seuil, d’un quignon trempé de café. « Mossieu Sernola ? C’est au cintièrme, luméro 27. Pas besoin de vous presser. Il est toujours au plumard jusqu’à dix heures. Z’avez le temps ». — « Il n’a pas changé » pensa Bernard.