Je ne dirai pas qu’il ne manque rien à ces vers, le traducteur ne
m’en croirait pas. Mais on peut juger avec quelle conscience M. A.
Lefèvre s’est acquitté de la tâche qu’il s’est imposée ; il ne
développe pas le sens de son auteur, comme l’ont fait tant de traducteurs
et, par exemple, l’Italien Marchetti dans ses vers languissants et
sonores : il se contente d’atteindre à l’exactitude et à la brièveté,
précieux mérites qui n’excluent pourtant pas une certaine obscurité et
qui imposent parfois, comme le texte lui-même, un travail
complémentaire à l’esprit du lecteur. Cette traduction restera : sans doute
elle ne remplacera pas l’auteur, et qui pourrait le remplacer ? mais
elle sera pour ceux qui savent le latin un intéressant objet de
comparaison, elle les aidera par ses imperfections même, imperfections
inévitables, comme par les différences du génie des deux langues, à
pénétrer plus avant dans le texte de l’auteur. À ceux qui ne peuvent
l’aborder, elle donnera la plus juste idée qu’ils puissent en avoir.