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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/12

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avaient sur la perfection humaine exactement les mêmes idées que vous, M. Dessaulles. Vous n’avez donc pas belle grâce à venir nous chanter, de la voix qu’on vous connaît, que le Pape, les évêques et les prêtres sont des arriérés et que vous, vous seul, êtes l’homme révélateur du véritable progrès. Vos prétentions ne sont pas minces ; mais elles ne manquent pas de ridicule non plus. Songez donc qu’il y a longtemps, bien longtemps que l’Église a décrotté tous vos pareils. Avec vos vieilles idées des peuples enfants et malpropres, vous nous faites l’effet d’une hideuse momie d’Égypte.

N’étant pas plus avancé que vous n’êtes dans vos études, il est à croire qu’il s’écoulera encore bien des temps avant que vous rattrapiez sur le savoir, les bons moines du Moyen Âge que vous honorez de vos mépris. Soyez donc économe de votre temps et ne le perdez pas à écrire des pamphlets qui vous accusent de la plus incroyable simplicité. Je ne m’explique guère le plaisir que vous trouvez à passer pour inepte en nous exhibant de temps à autre, comme de magnifiques trouvailles, quelques vieilles nippes païennes que le christianisme a enterrées il y a dix-huit siècles.

II.


De la raison laïque de M. Dessaulles et de la raison humaine — Nécessité de la foi. — De la liberté.


Vous comptez beaucoup, même entièrement, sur la raison humaine, sur la vôtre en particulier. Toute fringante qu’elle soit, je viens de vous démontrer que ce n’est pas cependant un bijou. À votre propre raison, vous donnez la préférence sur l’autorité de l’Église, du Pape et des Évêques. Vous êtes donc déiste, c’est-à-dire que vous êtes dans cette catégorie d’impies et de blasphémateurs qui croient que c’est avoir assez fait que de reconnaître l’existence de Dieu. Quant au reste, vous en faites facilement et joyeusement justice. Avec Dieu et sa parole, parole que vous interprétez à votre guise et qui n’est plus que la vôtre par conséquent, vous vous déclarez satisfait. Pour moi, je vous avouerai qu’un oisillon de votre espèce ne m’inspire pas la moindre confian-