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Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/17

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Il y a une liberté de conscience, c’est incontestable ; mais ce n’est pas celle que vous patronisez. La véritable liberté de conscience consiste à n’être pas forcé de parler ou d’agir contrairement à cette voix intérieure qui vous dit qu’il faut respecter les ordres de Dieu, et les injonctions de ceux qu’il a chargés de tenir sa place sur la terre pour guider les hommes dans la voie de la vérité et du bien. En un mot, la véritable liberté de conscience, c’est la faculté d’opérer notre salut en usant librement de tous les moyens que Dieu a mis à notre disposition pour que nous puissions graviter constamment vers lui et arriver à son entière et pleine possession.

Mais ce n’est pas ainsi que vous entendez la liberté de conscience. Pour vous, cette liberté n’est que la licence, comme je vous l’ai fait toucher du doigt dans le chapitre précédent. Vous prétendez que la conscience n’est libre que si elle peut tout se permettre. Mais alors que devient la loi de Dieu ? Votre liberté de conscience ne rend-elle pas l’homme supérieur à Dieu ? S’il est vrai que Dieu nous a donné des vérités à croire et des préceptes à suivre, et vous-même l’admettez, il est absolument nécessaire de reconnaître que nous ne pouvons pas professer les opinions qui sourient à la nature corrompue et qui contredisent les vérités que nous devons croire et mettre en pratique. Vous pouvez, rien de plus sûr, vous laisser aller pendant cette vie, qui est le temps de l’épreuve, à toutes opinions perverses que vous voudrez, et vous abandonner à toutes fredaines imaginables ; mais la preuve que vous n’usez pas de la liberté véritable en agissant de la sorte, c’est qu’au sortir de la vie, vous rencontrerez un juste juge qui vous fera payer cher vos coupables jouissances.

Vous n’avez pas, dans votre vocabulaire, de mots assez injurieux pour qualifier l’Église et les congrégations romaines qui défendent de professer certaines opinions, de même que la lecture de certains livres où la foi et les mœurs sont attaquées. En, revanche, vous ne tarissez pas d’éloges à l’adresse de la loi civile qui vous semble l’expression de toute sagesse et de toute justice.