Aller au contenu

Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/35

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 34 —

plus cruellement persécutée, elle possédait des vases d’or et d’argent et des objets mobiliers en grand nombre, mais aussi des biens-fonds d’une grande valeur. Les païens quelquefois respectaient, quelquefois lui enlevaient violemment ces propriétés. Certains édits de proscription contre les chrétiens ne furent même lancés qu’à la suite de sollicitations pressantes de la part de quelques gouverneurs rapaces, qui convoitaient ces biens et désiraient s’en emparer pour les faire servir à leurs plaisirs. Mais, lorsque Constantin, n’ayant pas encore reçu le baptême, eut rendu la paix au monde par la défaite de Maxence, il ordonna, non pas de faire don, mais de RESTITUER au clergé les maisons, les possessions, les champs, les jardins et autres biens dont il avait été injustement dépouillé. Chose étrange ! le paganisme reconnut à l’Église ce droit de propriété que lui contestent aujourd’hui des nations qui se disent chrétiennes, des particuliers qui s’intitulent ses fils dévoués et soumis, des politiques et des ministres d’État qui veulent passer pour franchement catholiques. Tant il est vrai que des chrétiens dégénérés tombent plus bas que des païens ! ! !

D’ailleurs, l’Église infaillible, qui ne peut se tromper quand elle affirme, puisqu’elle doit, d’après Jésus-Christ, enseigner toute vérité, OMNEM veritatem, affirme qu’elle a le droit de posséder et elle possède réellement ; donc elle l’a. Colonne de la vérité, gardienne incorruptible de la saine morale, elle ne peut errer en pareille matière. Le penser, le dire serait un crime.

Si l’Église a le droit de posséder, et il n’est pas possible, sans blesser la foi, d’émettre le plus léger doute à cet égard ; si, de plus, elle est une société tout-à-fait indépendante, ce dont on ne saurait douter non plus, il faut en conclure que ce droit qu’elle a de posséder ne peut pas être limité par le pouvoir civil ; qu’elle seule a juridiction sur les biens qu’elle possède ; qu’elle seule doit les administrer et faire des réglements en ce qui les concerne. Toute ingérence du pouvoir civil dans l’administration des biens ecclésiastiques est une usurpation sacrilège, une absurdité manifeste et révoltante, car on ne saurait exercer de droit là où il