Aller au contenu

Page:Lussault - Les Deux jumeaux.djvu/11

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LES DEUX JUMEAUX


le lauréat


Un ancien militaire de la grande armée marchait dans les rues de Paris, la tête haute, et de l’air d’un conquérant qui vient de remporter une nouvelle victoire ; seulement ses habits, au lieu d’être poudreux et couverts de sang, comme cela lui était arrivé en revenant de Wagram ou d’Austerlitz, annonçaient la meilleure tenue ; le ruban qui soutenait sa croix brillait du plus vif éclat, car c’était celui des grandes fêtes ; et cette croix, pour lui si chère, semblait aussi resplendissante que quand il l’avait reçue des mains de l’Empereur.

C’est que, le matin même, il l’avait savonnée, passée au blanc, frottée avec plus de soin qu’une petite-maîtresse n’en exige de sa femme de chambre pour tous ses bijoux la veille d’une brillante soirée.