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Page:Lussault - Les Deux jumeaux.djvu/12

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LES DEUX JUMEAUX.

Les traits du digne vétéran étaient radieux, malgré la large cicatrice qui lui couvrait la moitié du visage et les rides profondes qui sillonnaient son front.

Ces rides cependant attestaient moins son grand âge que les fatigues qu’il avait éprouvées, car sa démarche était ferme et son pas accéléré.

Dans le bras qui restait à ce digne invalide étaient passées plusieurs couronnes qu’il portait d’un air solennel, en regardant de temps en temps avec amour un jeune garçon marchant à côté de lui, et tenant une liasse de beaux livres. Un autre adolescent le suivait, triste, humilié. Le premier s’aperçut du chagrin de son frère, et, sous prétexte d’alléger son fardeau, lui passa deux volumes sous le bras.

Après plusieurs détours dans les rues les plus populeuses de Paris, nos piétons entrèrent dans une petite boutique de fruiterie : le militaire, le premier, en élevant les couronnes d’un air triomphant, le jeune garçon chargé de livres, ensuite, et son frère, honteux, le dernier. « Victoire ! victoire ! s’écria l’invalide en passant le seuil de la porte ; Louise, ma chère Louise, embrasse ton digne fils. »

Aussitôt l’adolescent qui le suivait se précipita dans les bras de sa mère, et tous deux