Page:Luzel - Contes bretons, Clairet, 1870.djvu/43

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Et, en effet, peu après le roi l’appela dans sa chambre, et lui dit :

— Allanic, vous voyez que je dépéris de tristesse et de chagrin ; c’est la perte de ma cage d’or qui en est la cause, et si je ne la revois dans mon palais, j’en mourrai sans tarder. Vous avez enlevé ses bottes de sept lieues à Goulaffre ; vous m’avez également reconquis ma demi-lune ; il faut que vous me rapportiez maintenant ma cage d’or.

— Ah ! sire, ce que vous me demandez là, nul homme au monde ne pourrait le faire. Songez donc que cette cage est suspendue par quatre chaînes d’or au-dessus du lit du géant ! Comment pénétrer dans sa chambre et couper les quatre chaînes d’or sans qu’il se réveille ? c’est impossible.

— Vous m’avez bien rapporté ma demi-lune, il faut me rapporter également ma cage d’or, ou il n’y a que la mort pour vous !

— Vous voulez m’envoyer à une mort certaine ; mais mourir ici ou mourir là-bas, peu m’importe après tout, et je préfère tenter encore l’aventure. Faites-moi fabriquer des ciseaux capables de couper des chaînes d’or comme des fils de lin ou de chanvre, et alors je partirai.

On trouva un artisan assez habile pour fabriquer les ciseaux nécessaires et Allanic partit. Quand il arriva près du château, il vit avec plaisir que les couvreurs n’avaient pas terminé leur travail et que leurs échelles étaient encore appliquées contre les murs. Vers minuit, il pénétra dans la chambre de Goulaffre, en brisant une fenêtre. Le géant dormait si profon-