Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/100

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tine. Il avait vraiment bonne mine. Il rencontra, dans un chemin creux et étroit, une petite vieille femme, qui lui dit qu’un peu plus loin il verrait, auprès d’une fontaine, un individu qui l’inviterait à boire ; — « mais, poursuivez votre route, mon fils, et ne buvez pas, quelque insistance qu’il y mette. »

— C’est bien, grand’mère, je ne boirai pas de l’eau de leur fontaine, dit Charles.

Quand il arriva à la fontaine, il vit l’individu assis à l’ombre, comme un voyageur qui se repose un instant, et il lui dit :

— Jeune homme, venez boire un peu d’eau.

— Merci ! Je n’ai pas soif, répondit-il.

— Venez boire une goutte seulement, vous n’avez jamais bu d’aussi bonne eau.

Il insista tant, qu’il s’approcha pour goûter l’eau de la fontaine. Mais, s’étant mis à genoux, pour boire à même le bassin, l’inconnu lui prit sa moitié de platine dans sa poche, sauta sur son cheval et partit au galop. Charles courut après lui ; mais, hélas ! il ne put l’atteindre, et bientôt il perdit de vue l’homme et le cheval.

— Hélas ! se dit-il, je n’ai pas obéi au conseil de la vieille femme. Que faire, maintenant ? N’importe ! j’irai à pied ; tôt ou tard, j’arriverai aussi à Paris, et alors nous verrons.

Et il se remit en route.