Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/106

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Le pauvre Charles se rendit auprès du roi, fort inquiet.

— Comment ! jeune pâtre, vous avez dit être capable de m’amener ici la Princesse de Tronkolaine, pour Être ma femme ?

— Comment aurais-je pu dire pareille chose, sire ? Il faudrait que j’eusse complètement perdu l’esprit pour parler ainsi.

— Vous vous en êtes vanté, et il faut que vous le fassiez, sinon il n’y a que la mort pour vous.

Le lendemain matin Charles se remit en route, triste et soucieux. « Si je rencontrais encore le vieillard de l’autre fois ! » se disait-il en lui-même. A peine eut-il prononcé ces paroles, qu’il aperçut le vieillard qui venait à lui.

— Bonjour, mon fils, lui dit-il.

— A vous pareillement, grand-père.

— Où allez-vous ainsi, mon enfant ?

— Ma foi, grand-père, je n’en sais trop rien. Le roi m’a encore ordonné de lui amener à sa cour la Princesse de Troakolaine, et je ne sais comment m’y prendre.

— C’est bien, mon garçon. Prenez d’abord cette baguette blanche. Retournez vers le roi, et dites-lui qu’il vous faut trois bateaux, dont un chargé de gruau, un antre de lard et le troisième, de viande salée. Le gruau sera pour le roi des fourmis, que vous trouverez dans une ile, au mi-