Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/163

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— J’ai encore eu un songe.

— Quel songe donc ?

— J’ai songé que l’empereur de Russie a la plus jeune de ses filles malade, depuis le jour de sa première communion, et que tous les médecins de l’empire n’entendent rien à sa maladie.

— C’est vrai ; mais, comment avez-vous pu rêver cela ?

— Je n’en sais rien ; mais, dites-moi ce qu’il faudrait faire pour rendre la santé à la princesse ?

— Elle a communié, sans y être bien préparée, et, dans la nuit qui suivit, elle vomit et rejeta la sainte Hostie[1]. Aussitôt, un crapaud sortit de dessous son lit et avala l’Hostie, puis il rentra dans son trou, où il est encore. Pour rendre la santé à la princesse, il faudrait prendre le crapaud, le faire bouillir dans de l’eau et faire boire cette eau à la princesse. Mais, qui jamais s’avisera de faire cela ? Laissez-moi dormir, car je suis fatigué et il me faudra encore aller en route, demain matin.

Et le géant se rendormit. Mais, bientôt la princesse le réveilla, pour la troisième fois.

— Que vous faut-il encore ? demanda-t-il avec humeur.

  1. Encore une introduction relativement moderne de l’élément chrétien, dans une fable toute païenne.