Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/164

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— Je ne sais vraiment pas ce que j’ai, cette nuit ; j’ai encore fait un rêve singulier.

— Quoi donc ? dites vite.

— J’ai rêvé que, dans la ville de Londres, l’eau est venue à manquer, dans toutes les fontaines et tous les puits, et que les habitants sont sur le point de mourir de soif.

— Pourquoi me réveiller pour si peu de chose ? Le roi d’Angleterre est un imbécile, et, s’il ne l’était pas, l’eau ne manquerait pas dans les fontaines et les puits de Londres. Il n’a qu’à enlever un galet qui bouche la source mère, laquelle passe sous la tour de son palais, et aussitôt l’eau jaillira avec abondance, dans les fontaines et les puits de sa capitale ; mais, il est trop ignorant pour savoir cela.

— Eh bien, pour ne plus vous réveiller, expliquez-moi un autre songe que j’ai fait encore.

— Dites-le vite, car j’ai grand besoin de dormir.

— J’ai rêvé qu’il y a, sur une rivière, non loin d’ici, un passeur qui, depuis quatre cents ans, fait passer les voyageurs d’une rive à l’autre rive et qui est bien fatigué de ce métier et voudrait bien être remplacé, sur son bateau.

— Encore un imbécile, celui-là ! Quand les voyageurs passent, il leur présente une mèche, pour allumer leur pipe. Il n’aurait qu’à ne pas