Cornouaillais menant par un licol de chanvre une vieille jument fourbue et maigre comme la jument de la Mort. N’oun-Doaré s’arrêta, la regarda et s’écria :
— Voici la jument qu’il me faut !
— Comment ! Cette rosse ? Mais regarde-la donc ! lui dit le marquis.
— Oui, c’est bien elle que je veux, et pas une autre ; achetez-la-moi, je vous prie.
Et le marquis acheta la vieille jument à N’oun-Doaré, tout en protestant qu’il avait de singuliers goûts.
Le Cornouaillais, en livrant sa bête, dit à l’oreille de N’oun-Doaré :
— Voyez-vous ces nœuds, au licol de la jument ?
— Oui, répondit-il.
— Eh bien, chaque fois que vous en déferez un, la jument vous transportera immédiatement à quinze cents lieues de l’endroit où vous serez.
— Fort bien, répondit-il.
Puis, N’oun-Doaré et le marquis reprirent le chemin de Coat-Squiriou, avec la vieille jument. Chemin faisant, N’oun-Doaré défit un nœud du licol, et aussitôt la jument et lui furent transportés, à travers l’air, à quinze cents lieues de là. Ils descendirent au centre de Paris[1].
- ↑ Le sentiment des distances manquait un peu au conteur.