Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/207

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— Donnez-la-moi et je la partagerai, dit la fille du roi, la sorcière.

— Non, c’est à la fiancée du roi que doit revenir cet honneur, lui répondit-on.

Et le roi prit la pomme sur le plat d’or et la présenta à la belle princesse. Mais, celle-ci essaya en vain de la diviser ; son couteau glissait dessus comme sur de l’or massif. Le roi essaya à son tour, mais sans plus de succès.

— Passez-moi la pomme, dit de nouveau la fille du roi ; j’en viendrai bien à bout, moi.

On la lui passa, et elle ne réussit pas davantage.

— Passez-la-moi, sire, dit aussi Riwall ; c’est moi qui vous l’ai conquise et je sais aussi comment l’ouvrir.

Le roi lui passa la pomme, et, avec son petit couteau d’or, qu’il tira de sa poche, il la fendit en quatre, le plus facilement du monde.

Mais, aussitôt, on vit avec étonnement la fille du roi tomber sous la table, et, en la relevant, on vit qu’elle était morte ; son cœur s’était brisé et fendu en quatre morceaux, comme la pomme.

— A chacun selon ses œuvres ! dit alors l’autre princesse, car elle avait mérité ce qui lui arrive, en voulant la mort de mon libérateur.

Puis, se tournant vers le roi :

— Quant à vous, sire, vous êtes trop âgé pour