Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/252

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Et le voilà parti devant sa tête, — comme on dit.

Il va, il va ; il loge dans les fermes, où la nuit le surprend ; parfois même, il couche à la belle étoile. Mais, quoi qu’il en soit, il ne regrette pas la maison de sa marâtre.

Un jour, vers le coucher du soleil, il se trouva devant un beau château. La porte de la cour était ouverte, et il entra. Il ne vit personne. Il aperçut une autre porte ouverte, et il entra encore et se trouva dans une cuisine. Personne encore. Mais, un instant après, une chèvre arriva. La chèvre lui fit signe de la suivre. Il la suivit et se trouva dans un beau jardin. La chèvre, alors, lui parla de la sorte :

— Si vous voulez rester ici, il ne vous manquera rien, seulement, il vous faudra passer trois nuits dans une chambre que je vous montrerai.

— Comment, ici les bêtes parlent donc ? demanda le jeune homme, étonné.

— Je n’ai pas été toujours sous la forme que vous me voyez présentement, répondit la chèvre ; je suis retenue ici sous un charme, et tous mes parents y sont comme moi, mais sous d’autres formes. Si vous voulez faire exactement tout ce que je vous dirai, vous me délivrerez, moi et tous les miens, et, plus tard, vous n’aurez pas lieu de vous en repentir.