Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/267

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— J’ai grand’faim ! ma pauvre mère ; j’ai grand’ faim !

— C’est bien ; taisez-vous, le souper est prêt. Mais, quand il aperçut Fanch :

— Un chrétien ! s’écria-t-il ; et il allait se précipiter sur lui, et l’avaler. Mais, la vieille prit un jeune ormeau qu’elle avait arraché, dans son jardin, et se mit à le battre, à tour de bras :

— Ah ! tu veux manger ton cousin, le fils de ma sœur, un enfant charmant, qui est venu me voir, et qui a apporté un bœuf et une barrique de vin pour chacun de vous ! Et tu crois que je le souffrirai ?

Et elle frappait, elle frappait sans pitié ; et le grand vent criait :

— Doucement, ma pauvre mère ; ne frappez pas si fort ; je ne ferai pas de mal à notre cousin, puisqu’il a apporté un bœuf et une barrique vin pour chacun de nous !

Alors la vieille cessa de frapper, et ils se mirent tous à table ; mais ils étaient si gloutons, le grand vent surtout, que Fanch fut obligé d’avoir recours à sa serviette, par trois fois. Enfin, quand ils furent rassasiés, ce qui dura longtemps, ils allèrent s’asseoir et causer, près du feu, comme de vieux amis.

— Où vas-tu aussi, cousin ? demanda le petit vent à Fanch.