Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/294

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qu’il fût prince, le fils de quelque puissant monarque peut-être. Il s’est égaré en chassant dans la forêt, il est venu frapper à notre porte, il a passé la nuit dans notre hutte, il était présent quand ma femme est accouchée et s’est offert lui-même pour être parrain.

— Si c’est ainsi, dit alors la demoiselle, je veux bien être la marraine de votre enfant et je vais m’apprêter à me rendre chez vous.

Le bûcheron s’en retourna chez lui, tout joyeux, et la jeune châtelaine arriva aussi, peu après, dans un beau carrosse et parée de tous ses atours. On se rendit au bourg, pour le baptême. Quand ils arrivèrent au presbytère, ils trouvèrent le vicaire qui battait du lin, le curé qui le broyait et la servante qui le peignait, ce qui étonna fort le roi[1].

— Venez baptiser mon enfant, Monsieur le Curé, dit le bûcheron au curé.

— Nous y allons tout de suite, répondit celui-ci.

Et le curé et son vicaire secouèrent la poussière dont ils étaient couverts, revêtirent leurs soutanes, qu’ils avaient ôtées, et se rendirent à l’église.

  1. Ceci est un trait de mœurs introduit arbitrairement par ma conteuse, et faisant allusion à la vie simple et patriarcale de nos anciens curés de campagne d’autrefois.