Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/328

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ma fille, une chrétienne, à un homme qui a une tête de bête ! s’écria la fermière.

— Ne vous effrayez pas trop de cela, ma pauvre femme, c’est Dieu qui me l’a donné ainsi, et il en est assez malheureux, le pauvre enfant ! Du reste, c’est la douceur et la bonté même, et votre fille serait heureuse avec lui.

— Je vais demander à mes filles, et si l’une d’elles accepte, je n’y ferai point d’opposition.

Et la bonne femme alla trouver ses filles, et leur expliqua le motif de la visite de la dame du château.

— Osez-vous bien nous faire une pareille proposition ? répondirent les deux aînées ; épouser quelqu’un qui a une tête de poulain ! Il faudrait être bien à court de galants, et, Dieu, merci, nous n’en sommes pas là.

— Mais, songez donc comme il est riche, et. comme il est fils unique, le château et tout le reste vous appartiendra.

— C’est vrai, reprit l’aînée, je serai ainsi châtelaine ; eh bien ! dites-lui que je consens à l’épouser.

La mère transmit la réponse de sa fille aînée à la dame, et celle-ci revint tout heureuse au château, pour annoncer la nouvelle à son fils.

On s’occupa immédiatement des préparatifs de la noce.