Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/329

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Quelques jours après, la jeune fiancée était près du douet, dans le bois, regardant les servantes du château qui lavaient le linge, causant et riant avec elles. Une d’elles lui dit :

— Comment pouvez-vous prendre pour époux quelqu’un qui a une tête de poulain, une belle fille comme vous !

— Bah ! répondit-elle, il est riche ; et puis, soyez tranquilles, il ne sera pas longtemps mon mari, car, la première nuit de mes noces, je lui couperai le cou.

En ce moment, vint à passer un beau seigneur qui, ayant entendu la conversation, dit :

— Vous avez là une singulière conversation !

— Ces lavandières, Monseigneur, répondit la jeune fianciée, se moquent de moi, parce que je consens à me marier avec le jeune seigneur du château, qui a une tête de poulain ; mais, je ne serai pas longtemps la femme de cet animal-là, car, la première nuit de mes noces, je lui couperai le cou.

— Vous ferez bien, répondit l’inconnu. Et il poursuivit sa route, et disparut.

Enfin, le jour des noces arriva. Grande fête au château et grands festins. L’heure venue, les filles d’honneur conduisirent la jeune mariée à la chambre nuptiale, la déshabillèrent, la mirent au