Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/391

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pas, tu dors comme un rocher ! Ah ! suis-je assez malheureuse !

Et elle pleurait et sanglotait ; mais, hélas! il ne l'entendait pas.

Le lendemain matin, elle se rendit encore dans le bois, avec ses brebis, triste et pensive. Dans l'après-midi, la princesse vint, comme la veille, se promener avec sa suivante. La bergère, en la voyant venir, se mit à jouer avec les deux boules d'or qui lui restaient. La princesse désira avoir une seconde boule, pour faire la paire, et elle dit encore à sa suivante :

— Allez m'acheter une seconde boule d'or de la bergère.

La suivante obéit, et, pour abréger, le marché fut conclu au même prix que la veille : passer une seconde nuit avec le maître du château, dans sa chambre.

Le maître, à qui la princesse versa encore un narcotique dans son vin, pendant le souper, alla, comme la veille, se coucher, au sortir de table, et dormit comme une roche. Quelque temps après, la bergère fut de nouveau introduite dans sa chambre, et elle recommença ses plaintes et ses sanglots. Un valet, passant par hasard près de la porte, entendit du bruit et s'arrêta pour écouter. Il fut bien étonné de tout ce qu'il entendit, et, le lendemain ma-