Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/402

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— Et quel est ce moyen ? demandèrent les deux autres.

— Arrivé auprès du fleuve, il lui faudrait couper une baguette, dans la haie, du côté du levant, lui enlever l’écorce, puis en frapper trois coups sur l’eau. Aussitôt un beau pont s’élèverait sur le fleuve ; il pourrait le traverser, et arriver ainsi facilement jusqu’à la capitale du roi Dalmar. Mais, ce n’est pas tout. En arrivant dans la ville, il lui faudrait encore s’habiller en princesse et se présenter au vieux roi comme une amie de sa fille, qu’elle aurait connue en Espagne, et qui serait venue lui faire visite. Il demanderait à coucher dans la même chambre que la fille du roi, et il l’enlèverait, la nuit, par la fenêtre. S’il avait été ici à m’écouter, il aurait pu mettre à profit ces conseils, et peut-être aurait-il réussi dans son entreprise.

En ce moment, le jour commença à poindre, et nos trois personnages s’envolèrent.

Le valet avait tout entendu, mais, il n’en dit rien à son maître. Il réveilla celui-ci, qui avait dormi toute la nuit, dans son carrosse, et n’avait rien entendu ; il attela les chevaux, puis, ils se remirent en route. Ils arrivèrent sans tarder auprès du fleuve.

— Hélas ! ici, il nous faudra nous arrêter, dit le prince en voyant devant ses yeux une si grande étendue d’eau.