Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/403

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— Peut-être, mon maître ; ne désespérez de rien, dit le valet.

— Et comment veux-tu que nous passions ? Ce ne sera pas à la nage, je pense ; et point de passeur, pas le moindre bateau !

Le valet ne répondit rien ; mais, il alla a la haie, du côté du levant, y coupa, avec son couteau, une baguette de coudrier et se mit à l'écorcher, tout en continuant sa route. Parvenu sur la rive du fleuve, il frappa trois coups de sa baguette sur l’eau, et à l’instant, ils en virent surgir un beau pont, qui allait d’une rive à l’autre.

— Quel homme es-tu donc ? dit à son valet le prince étonné.

Ils traversèrent facilement le fleuve, et se trouvèrent sans tarder dans la capitale du roi Dalmar. Ils descendirent dans le meilleur hôtel de la ville.

Le lendemain matin, le valet dit à son maître :

— Il vous faut, à présent, vous habiller en princesse et, ainsi déguisé, vous irez trouver le roi Dalmar et lui direz que vous êtes une amie de sa fille, que vous l’avez connue en Espagne et que vous venez pour lui faire visite et passer quelques jours avec elle. Vous demanderez encore à ne quitter la princesse, ni le jour ni la nuit, et à coucher dans sa chambre même. Le roi vous accordera facilement votre demande.