Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/415

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portant que devant. Voilà ce qu’il lui faudrait faire ; mais, comment pensez-vous que l’idée puisse jamais lui en venir ?

Le jour commença à poindre, en ce moment, et les hôtes de l’arbre s’envolèrent, avec un grand bruit d’ailes.

Le prince n’avait pas perdu un mot de tout ce qui s’était dit. Il revint à la maison, un peu moins triste, et plein d’espoir.

Le dimanche qui suivit, il dit à tout son monde d’aller à la grand’messe, au bourg, et de le laisser seul à la maison. Tout le monde partit, et il resta absolument seul dans le palais. Quand il entendit les cloches qui annonçaient que la grand’messe allait commencer, il prit un couteau et s’avança résolument vers le berceau où dormait son enfant.

Mais, le courage lui manqua, au moment de frapper, et il recula d’horreur et se mit à pleurer.

Il revint, un moment après, plus résolu ; il détourna la tête et frappa. Le sang jaillit aussitôt. Il le recueillit dans un vase et courut à la statue de marbre et se mit à la frotter avec le sang de son enfant, encore chaud. Et à mesure qu’il la frottait, il voyait le marbre qui se ranimait sensiblement, et, au moment où la messe finissait, la statue marcha et le fidèle serviteur parla ainsi à son maître :