Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/440

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racheter et à faire ensevelir convenablement le cadavre d’un pauvre homme jeté en pâture aux chiens, parce qu’il était mort sans pouvoir payer ses dettes ; et j’ai donné l’autre moitié pour cette belle princesse, que l’on conduisait à un serpent, pour être dévorée par lui.

— Il n’est pas possible que vous ayez fait tant de folies, ou vous n’êtes qu’un sot, mon fils !

— Je ne vous dis que la vérité, mon père.

— Eh bien ! disparaissez de devant mes yeux, et ne remettez jamais les pieds dans ma maison, ni vous ni votre princesse ; je vous maudis.

Et le vieillard s’en alla, furieux.

Iouenn était fort embarrassé ; où aller avec sa princesse, puisque son père ne voulait pas le recevoir, et qu’il n’avait plus d’argent ? Il se rendit chez une vieille tante qu’il avait, dans la ville, et lui conta tout : comment il avait employé son argent à payer les dettes d’un homme mort insolvable et à racheter la belle princesse qu’elle voyait auprès de lui, et que l’on conduisait à un serpent ; et comment enfin son père leur avait donné sa malédiction à tous deux, en leur défendant de remettre jamais les pieds dans sa maison.

La tante eut pitié d’eux, et leur donna l’hospitalité.

Mais, bientôt Iouenn voulut épouser la prin-