Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/439

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— Je vous en donnerai à discrétion.

Et il leur donna tout l’argent qui lui restait et emmena la princesse sur son navire.

Les gens du navire tendu de noir allèrent alors chercher une autre princesse, et Iouenn Kerménou s’en retourna dans son pays, avec celle qu’il leur avait achetée. Mais, il n’avait plus d’argent, ayant tout donné.

Quand le vieux marchand apprit que le navire de son fils était rentré au port, il se hâta de s’y rendre et lui demanda :

— Eh bien ! mon fils, avez-vous fait un bon voyage ?

— Oui, vraiment, mon père, il a été assez beau, répondit-il.

— Que rapportez-vous ? Faites-moi voir. Iouenn conduisit le vieillard à sa cabine et lui dit, en lui montrant la princesse :

— Voyez, mon père, voilà ce que je rapporte.

— Oui, une belle fille, comme il y en a beaucoup dans ces pays-là ; mais, vous avez de l’argent aussi, puisque vous n’avez pas de marchandises ?

— J’ai eu beaucoup d’argent, il est vrai, mon père ; mais je n’en ai plus.

— Qu’en avez-vous donc fait, mon fils ?

— J’en ai employé une moitié, mon père, à