Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/450

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s’approchèrent de lui et lui jetèrent des morceaux de pain, comme à un chien. Il y avait trois ans qu’il n’avait mangé de pain, et il sautait dessus et les mangeait avec avidité. Les servantes et les femmes de chambre du palais étaient aussi accourues pour voir l’homme sauvage. La femme de chambre de la princesse était là aussi, et elle reconnut à son cou la chaîne d’or de sa maîtresse et courut lui dire :

— Maîtresse, si vous saviez ?...

— Quoi donc ? demanda la princesse.

— Votre mari, Iouenn Kerménou...

— J’ai fait défense expresse, vous le savez, de prononcer ce nom devant moi, avant que je ne sois mariée.

— Mais, maîtresse..., il est là, dans la cour du palais !...

— Cela n’est pas possible, ma fille, car voici déjà trois ans qu’il est mort, comme tout le monde le sait.

— Je vous assure, maîtresse, qu’il est là ; je l’ai bien reconnu, à votre chaîne d’or, qu’il a encore au cou.

À ces mots, la princesse se hâta de descendre dans la cour, et dès qu’elle aperçut le prétendu sauvage, bien qu’il ressemblât plus à un animal qu’à un homme, elle reconnut son mari, et lui sauta au cou pour l’embrasser. Puis, elle l’em-