Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/452

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bonne et je l’aimais, et je ne sais pas ce que sera la nouvelle, dont je ne me suis jamais servie encore. Dites-moi, je vous prie, laquelle des deux clefs je dois garder, l’ancienne ou la nouvelle ?

— Gardez votre ancienne clef, ma fille, puisqu’elle est bonne : pourtant, si vous me faisiez voir les deux clefs ? répondit le vieillard.

— C'est juste, dit la princesse ; attendez un instant, et vous allez les voir.

Et elle se leva de table, se rendit à sa chambre et revint un instant après, tenant par la main Iouenn Kerménou, et parla de la sorte :

— Voilà la clef nouvelle ! et elle montrait du doigt le ministre qui devait l’épouser, — et voici l’ancienne, que je viens de retrouver ! Elle est bien un peu rouillée, parce qu’elle a été longtemps perdue ; mais, je la rendrai, sans tarder, aussi belle qu’elle le fut jamais. Cet homme est Iouenn Kerménou, mon premier mari, et le dernier aussi, car je n’en aurai jamais d’autre que lui !

Voilà tout le monde ébahi d’étonnement, en entendant ces paroles, et le ministre devint pâle comme la nappe qui était devant lui. La princesse prit encore la parole et conta tout au long les aventures de Iouenn Kerménou.

Le vieux roi, furieux, se leva alors, et, s’adressant aux valets, il dit :