Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/288

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— Pourquoi ? demanda-t-il.

— C’est qu’il y a là un vieux sanglier, que personne ne peut tuer et qui enlève, presque chaque jour, un bœuf ou une vache du troupeau. Malheur à vous, si vous ne ramenez pas toutes vos bêtes, au coucher du soleil, car le jour où il vous en manquera seulement une, il n’y aura que la mort pour vous.

— C’est bien, répondit Robardic, sans paraître s’émouvoir.

Et il conduisit ses bœufs et ses vaches dans la prairie. Son troupeau était nombreux, mais fort maigre. Comme la prairie était tondue au ras de la terre, et que le bétail n’y trouvait plus à pâturer, Robardic, voyant que, dans le bois, l’herbe était abondante, se dit :

— J’ai bien envie de laisser ces pauvres bêtes entrer dans le bois ; elles meurent de faim, ici ; si le vieux sanglier vient nous inquiéter, j’appellerai à mon secours le roi des lions.

Et il poussa son troupeau vers le bois. Le sanglier ne se montra pas, ce jour-là, et, au coucher du soleil, Robardic ramena à l’étable ses boeufs et ses vaches, parfaitement repus. Le maître vint les compter : le troupeau était au complet. Étonné de le voir dans cet état, il demanda au nouveau pâtre :

— Les bêtes rentrent, ce soir, le ventre plein,