Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/26

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— Oui sûrement, Monsieur le Recteur, c’est un précieux instrument.

— N’importe, j’ai mieux que cela, moi.

— Quoi donc. Monsieur le Recteur ?

— J’ai un bonnet, moi, et quand je le mets sur ma tête, avec la houppe par derrière, je n’ai qu’à dire : « Je veux qu’il y ait ici un beau château, plus beau que celui du roi ! » et c’est fait aussitôt que dit ; puis, quand je mets le bonnet sur ma tête, avec la houppe par devant, je deviens le plus bel homme du monde.

— Vraiment oui, c’est là un merveilleux bonnet. Monsieur le Recteur.

— Eh bien ! si tu veux me céder ton biniou, je te donnerai mon bonnet, en échange ; je ressusciterai avec lui les morts, au lieu de les enterrer, et toi, tu n’auras pas ton pareil, sous le ciel.

— Volontiers, Monsieur le Recteur, répondit Crampouès, en songeant qu’il pouvait recouvrer son biniou, aussi facilement que sa serviette.

Et l’échange fut fait. Puis, Crampouès se remit en route, emportant le bonnet du recteur. Mais, il n’alla pas loin, sans avoir recours à ses cavaliers. Ceux-ci lui rapportèrent son biniou, à son commandement, puis il se remit à marcher.

Il arriva, peu de temps après, dans un grand bois, au milieu duquel il y avait un palais magnifique. C’était un palais royal, et le roi y venait