Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exquis, si bien que le roi et toute la cour mangeaient énormément, sans avoir jamais d’indigestion, pourtant.

Cependant, la femme de chambre de la princesse avait cru reconnaître l’homme à la bourse enchantée dans le nouveau cuisinier. Elle l’observa de près et, s’étant cachée, un jour, dans la salle à manger, elle le vit servir la table et surprit son secret. Elle courut faire part de sa découverte à sa maîtresse.

— L’homme à la bourse est encore dans le palais ! lui dit-elle.

— Est-ce vrai ?

— Oui, je l’ai vu, et c’est à lui que vous devez tous ces excellents repas que vous faites, depuis quelque temps. Il a, cette fois, une serviette merveilleuse, et il lui suffit de l’étendre sur la table et de dire : « Serviette, fais ton devoir ! » pour que aussitôt la table soit magnifiquement servie, sans qu’il s’en mêle autrement.

— En vérité ?... Il faut lui dérober aussi sa serviette.

— Je m’en charge, car je sais où il la met. La nuit, quand tout le monde fut couché et dormait, au palais, la femme de chambre descendit tout doucement dans la salle à manger, prit la serviette magique, dans un tiroir où le clerc l’enfermait, en mit une autre à sa place, et