Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/126

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Le compagnon, arrivé sur les lieux, vit tout de suite ce dont il s’agissait.

— Quoi, maître, dit-il à Éloi, vous m’aviez dit que vous connaissiez parfaitement ma méthode ; et c’est ainsi que vous l’appliquez !

— J’aurai, sans doute, négligé quelque petite chose, balbutia Éloi, tout honteux ; mais hâte-toi de terminer l’ouvrage et d’arranger tout.

— Oui, car il est grand temps, à ce que je vois.

Et le compagnon prit le pied du cheval, l’appliqua à sa place, où il se ressouda facilement, et l’animal se releva alors aussi bien portant et aussi dispos que s’il ne lui était rien arrivé.

Éloi, tout ébahi et ne comprenant rien à ce qu’il voyait, regardait son compagnon, qui lui parla alors de la sorte :

— Vous avez mis sur votre enseigne : Maître sur les autres maîtres, ce qui peut être, car vous êtes un habile ouvrier, et capable ; mais maître sur tous est de trop, car vous voyez bien qu’il s’en peut trouver qui en savent encore plus long que vous. Adieu, et que cette leçon vous profite.

Et l’inconnu s’en alla, et Éloi, resté immobile et la bouche béante à le regarder, aperçut une auréole lumineuse autour de sa tête, et comprit, alors seulement, que ce compagnon inconnu qui faisait des choses si merveilleuses n’était autre que Notre-Seigneur Jésus-Christ lui-même. Il