Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/128

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Cf. la légende irlandaise recueillie par M. Kennedy, dans son recueil : Fire-side stories of Ireland, sous le titre de : Comment saint Éloi fut puni du péché d’orgueil. M. Loys Brueyre, qui l’a traduite et insérée dans son très-intéressant livre : Contes populaires de la Grande-Bretagne, l’accompagne de commentaires savants dont voici une partie :

« Une vieille poésie anglaise, réimprimée par Carrew Hazlitt (Carrew Hazlitt, Early popular poetry, vol. III), nous donne une des formes de la légende précédente sous le titre : Le Forgeron et sa dame. « Cy commence un traité du forgeron qui se forgea une dame neuve. »

« Cette légende est la reproduction, sous une forme chrétienne, d’une ancienne tradition Scandinave. L’ange gardien qui, sous les traits d’un forgeron, vient rabattre l’orgueil de saint Éloi, n’est autre que le fameux forgeron Vœlundr de l’Edda, dont tous les poèmes Scandinaves, allemands et anglo-saxons nous ont transmis les hauts faits, et qui a laissé son nom à une grotte du comté de Warwick. L’épisode de la jambe du cheval cassée, puis ressoudée, ne se retrouve pas dans les fragments de poèmes sur Wœlundr ; mais, dans un grand nombre d’histoires apparentées à cette légende, nous rencontrons des épisodes analogues à celui-ci. Un conte d’Asbjœrnsen (traduction Dasent) fait accomplir par un maître forgeron le même exploit que par l’ange gardien (dans la version bretonne, c’est Jésus-Christ lui-même) de saint Éloi. Il est même plus habile encore, car d’une vieille femme il peut faire une jeune fille, en la jetant dans sa fournaise. (Voir, pour cet épisode de la vieille femme changée en jeune fille, en la jetant dans une fournaise, la légende de La Fiancée de saint Piern, page 26 du présent volume.)

« La mythologie grecque reproduit le même mythe, sous différentes formes. Ainsi, Cérès, voulant rendre immortel son fils Triptolème, le couchait, chaque nuit, au milieu d’un foyer ardent. Suivant Pindare, Thétis en faisait autant à Achille ; Médée, digne sœur de Circé, rendit la jeunesse au vieil Eson, mais elle persuada aux filles de Pélias de couper le corps de leur père et de le