Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/178

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à l’affût, sur la route, avec une cognée, pour tuer Alain Kerloho. Mais il crut entendre encore un grand nombre de voix, parmi lesquelles il reconnaissait celle d’Alain, et il eut peur et s’en alla encore, fort mécontent.

Le lendemain, il dit à Alain :

— Comme tu étais bien accompagné, hier, en allant voir ta maîtresse ! Tu avais donc peur d’être volé, ou tué peut-être ?

— Qu’est-ce que tu dis donc là ? J’étais tout seul.

— Tu ne dis pas la vérité, car, hier soir, je passai non loin de la maison de Françoise, et je te vis venir par la route, accompagné de cinq ou six autres ; je t’ai bien reconnu.

— Je t’assure qu’il n’y avait que moi.

— Eh bien ! c’est drôle, mais, j’aurais juré que vous étiez cinq ou six. Quand y retourneras-tu ?

— Samedi soir ; tu pourras m’accompagner jusqu’au seuil de la porte.

— À quoi bon, puisqu’elle ne m’aime pas et que vous vous marierez bientôt, je pense ?

Le samedi soir, Kerlann était encore caché sur le bord de la route, avec une cognée, et bien décidé, cette fois, à tuer Alain, avant de rentrer à la maison. Il entendit sa voix au loin qui chantait le dernier sone qu’il avait composé pour sa douce