Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/223

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petite lumière devant lui, et à mesure qu’il avançait, la lumière allait grandissant. Il finit par arriver à une immense salle remplie de feux et de flammes, et de diables hideux, qui entretenaient le feu sous une infinité de chaudières et de sièges d’or et d’argent, sur lesquels étaient assis des rois, des princes et des seigneurs de toute sorte et de tous les pays. Sur un de ces sièges, il reconnut son ancien seigneur. Des flammes s’échappaient de sa bouche, de ses yeux, de ses oreilles, de partout, et il ne put s’empêcher de frémir d’horreur et d’épouvante à cette vue. Partout autour de lui c’était des gémissements et des cris affreux arrachés par la douleur. Il vit aussi les chaudières dont lui avait parlé le brigand, et il lui sembla que des milliers de grenouilles y chantaient. Il jeta dessus quelques gouttes du lait de femme qu’il avait dans une burette, et les chants devinrent joyeux, de plaintifs qu’ils étaient. Il crut comprendre que les pauvres âmes qui y étaient enfermées se trouvaient soulagées, et il continua ses aspersions. Mais une troupe de diables courut sur lui, menaçants et portant à la main des fourches de fer rougies au feu. Il ne perdit pas la tête, et, prenant sa bouteille d’eau bénite, il se mit à les en asperger, puis à les cingler avec son grand fouet béni par son recteur. Les diables hurlaient et se tordaient sous son fouet et l’eau bénite, et lui criaient :