Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/227

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c’était bien l’écriture de son père. Mais, quand il la lut, son étonnement redoubla encore, et il n’était plus aussi insolent. Dans cette lettre, son père lui disait, en effet, que son fermier, Fanch Kerloha, lui avait payé son terme, mais qu’il n’avait pu lui en donner quittance, pour cause de maladie. Puis il lui recommandait de changer de vie, d’être charitable, doux et humain envers les pauvres gens, et de prier et de faire pénitence, sous peine d’aller le rejoindre dans l’enfer, d’où il lui écrivait.

Cette lettre l’effraya beaucoup ; il distribua tout son bien aux pauvres, et s’adonna à la prière et à la pénitence, pour racheter l’inhumanité et les désordres de ses jours passés.

Quant à Fanch Kerloho, après avoir rassuré sa femme, en lui faisant part de la bonne nouvelle, il retourna voir le brigand dans la forêt, comme il le lui avait promis. Le brigand lui dit :

— J’ai congédié mes camarades, car l’heure de la pénitence et de l’expiation est venue. Puisque vous avez pu aller en enfer et en revenir, peut-être ne m’est-il pas impossible aussi d’être sauvé. Aidez-moi, dans cette terrible épreuve, et que le cœur ne vous manque point. Écoutez-moi, et faites de point en point ce que je vais vous dire. Vous me briserez d’abord tous les membres, à coups de bâton, puis vous m’arracherez avec une