Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/228

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tenaille de maréchal-ferrant les ongles des mains et des pieds, un à un, puis vous m’arracherez encore les yeux...

— Dieu ! que me dites-vous là ? s’écria Kerloho,. saisi de frayeur.

— Je vous en prie, faites ce que je vous demande, et gardez-vous d’y faillir... Avez-vous donc oublié le siège vide que vous avez vu dans l’enfer, à la droite de votre ancien seigneur ?... Après m’avoir brisé les membres et arraché les yeux, ainsi que les ongles des mains et des pieds, vous me brûlerez sur ce bûcher, que j’ai construit moi-même à cet effet. Quand tout sera consumé, vous trouverez parmi les cendres un os calciné. Prenez cet os ; mettez-le dans le petit cercueil que voilà et que j’ai préparé également, puis déposez ce cercueil sur le mur du cimetière de l’église la plus voisine, et laissez-le là, pendant que vous assisterez à une messe que vous ferez dire à mon intention. Pendant cette messe, un combat se livrera autour du petit cercueil renfermant l’os, entre une colombe blanche et un corbeau noir. La colombe blanche fera tous ses efforts pour faire tomber le cercueil dans le cimetière en le battant à coups d’aile, et le corbeau travaillera à le rejeter du côté opposé, en dehors du cimetière. Si la colombe l’emporte, je serai sauvé ; mais si elle est vaincue, hélas ! j’irai en enfer occuper le siège