Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/229

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que vous savez, et il sera inutile de prier pour moi. Vous sentez-vous le courage de faire ce que je vous demande ?

— Je ferai mon possible, répondit Kerloho, effrayé.

— C’est bien ; laissez-moi faire une dernière prière, puis mettez-vous à la besogne, sans autre retard.

Le brigand s’étendit, la face contre terre, les bras en croix, pria quelque temps, puis il se releva et dit :

— Et maintenant, mon frère, mettez-vous à l’œuvre avec courage.

Alors Fanch Kerloho prit un grand bâton préparé à cet effet et commença par lui briser tous les membres ; puis il lui arracha les yeux et les ongles... Plus d’une fois, il sentit son cœur faiblir ; mais le martyr, qui supportait tout avec un courage inouï, lui disait alors :

— Courage, mon frère, et rappelez-vous le siège que vous avez vu dans l’enfer !

Et il se remettait à l’œuvre. Bref, quand le bûcher où il jeta le corps mutilé et tout sanglant fut entièrement consumé, il en remua les cendres, y trouva un os, comme on le lui avait dit, l’enferma dans un petit cercueil et le déposa sur le mur du cimetière ; puis il entra dans l’église pour assister à la messe qu’il y fit célébrer par le rec-