Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/235

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ange m’a annoncé que ma pénitence et mes peines sur la terre ne finiront que lorsque je verrai fleurir mon bâton.

— Quels crimes si grands avez-vous donc commis pour être condamné à une pénitence si dure ?

— Hélas ! un jour que je n’avais pas mangé depuis vingt-quatre heures, et que je voulais sortir de dessous mon rocher pour chercher quelque chose dans le bois, comme il pleuvait à torrent, je dis avec un peu d’humeur ces mots seulement : « Quel mauvais temps ! » Et en parlant ainsi, j’offensai Dieu, parce que tout ce que Dieu fait est bien fait.

— Une pénitence si dure pour si peu de chose ! s’écria le brigand ; et moi donc, qui ai fait tout le mal et tous les crimes possibles, je ne pourrai jamais être sauvé, à ce compte-là !

— La bonté de Dieu est infinie, répondit l’ermite.

— Vous pensez, mon père, qu’elle est assez grande pour me pardonner encore ?

— Elle est grande par dessus tout.

— Alors je veux faire aussi pénitence comme vous.

Et le brigand planta aussi son bâton en terre et commença de l’arroser, trois fois par jour, comme le vieil ermite, avec de l’eau qu’il rapportait dans