Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/263

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— Où allez-vous, et en quoi puis-je vous être utile, mon enfant? Parlez avec confiance, et soyez le bienvenu, puisque vous venez de la part de mon frère.

— J’ai une lettre à porter au paradis, mon père.

— C’est bien, mon fils ; vous n’en êtes plus bien loin ; mais, écoutez attentivement ce que je vais vous dire, et suivez mes conseils de point en point. Observez bien tout ce que vous verrez sur votre passage; ne vous effrayez de rien, quoi que vous puissiez voir ou entendre, et surtout ne regardez jamais derrière vous, ou vous tomberez au fond du puits de l’enfer. Vous verrez des choses étranges et auxquelles vous ne comprendrez rien ; mais, quand je vous reverrai, au retour, je vous expliquerai tout. Il vous faudra gravir cette montagne escarpée que voilà devant vous. Avant d’arriver à la montagne, vous passerez par une prairie aride, brûlée par le soleil et où pas une herbe ne pousse, et pourtant, vous y verrez des vaches bien portantes et luisantes de graisse. Couchées sur le sable brûlant, elles vous regarderont passer, sans se déranger, et vous paraîtront contentes et heureuses.

Plus loin, vous passerez par une autre prairie à l’herbe grasse et haute et abondante, et pourtant, vous y verrez des vaches maigres, décharnées, maladives et tristes, et quand une d’elles veut