Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/347

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Souci, reprit l’inconnu, et, pour te le prouver, fais-moi trois demandes, à ton choix, et je te les accorderai.

Sans-Souci sourit et le regarda du coin de l’œil, comme un homme qui n’a pas grande confiance.

— Demande premièrement le paradis, lui dit le plus âgé des deux voyageurs.

— Le paradis, mon brave homme, répondit-il, est à qui le gagne, et ne se donne pas si facilement, je pense.

— Tu as raison, Sans-Souci, reprit l’autre ; mais fais-moi tes trois demandes, et je te promets de te les accorder, quelles qu’elles puissent être.

— Eh bien ! j’ai souvent soif, à battre le fer sur mon enclume, et la fontaine est assez loin ; je voudrais bien qu’un vieux poirier que j’ai là, dans mon courtil, derrière la forge, portât des fruits en toute saison, même en hiver.

— Accordé, dit le jeune voyageur.

Et aussitôt le vieux poirier de Sans-Souci se couvrit de belles fleurs blanches, et, un moment après, il succombait sous le poids de belles poires toutes dorées, quoiqu’on fût en plein mois de janvier !

— Fais ta seconde demande, Sans-Souci, dit l’inconnu.

— Demande le paradis, à présent au moins, lui dit encore le vieillard.