Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/348

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Laissez-moi donc tranquille avec votre paradis, grand-père, lui répondit Sans-Souci ; le paradis est à qui sait le gagner, vous le savez bien, et j’espère qu’on ne me le refusera pas, après ma mort, si je l’ai gagné.

— Certainement, répondit le jeune étranger ; fais ta seconde demande, Sans-Souci.

— Eh bien ! je voudrais avoir là, au coin de ma forge, un bon fauteuil ; et toutes les fois que que quelqu’un s’assoirait dans ce fauteuil, je voudrais qu’il ne pût s’en relever que lorsque je le lui permettrais.

— Accordé.

Et le fauteuil se trouva aussitôt au coin de la forge.

— Fais, à présent, ta troisième demande.

— Ne manque pas de demander le paradis, cette fois au moins ! dit encore le vieillard.

— Je vous le répète, laissez-moi tranquille avec votre paradis, vieux radoteur ! Je demande, à présent, un jeu de cartes avec lequel je gagnerai toujours, quelle que soit la personne avec qui je jouerai.

— Accordé encore ! Tiens, voilà les cartes.

Et un jeu de cartes tout neuf se trouva aussitôt sur l’enclume.

Les deux voyageurs firent alors leurs adieux au maréchal-ferrant, et poursuivirent leur route. Je