Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/356

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manière à rattraper le temps perdu. Elle multipliait ses coups avec une rapidité effrayante, comme une enragée, et les mortels tombaient et s’entassaient les uns sur les autres, comme l’herbe et les fleurs des champs tombent, drues et pressées, sous les coups des faucheurs, aux mois de juin et de juillet.

Cependant, l’âme de Sans-Souci était montée au ciel, et elle alla tout droit frapper à la porte du paradis : Toc ! toc !

— Qui est là ? cria saint Pierre, derrière la porte.

— Sans-Souci ! Ouvrez-moi, s’il vous plaît.

— Sans-Souci ?... Passe alors ; il n’y a pas de place pour toi ici.

— Pourquoi donc, monseigneur saint Pierre ?

— Te rappelles-tu le jour où, voyageant en Basse-Bretagne avec Jésus-Christ, nous te trouvâmes battant courageusement le fer sur l’enclume, dans ta forge, au bord de la route ? Le Seigneur te dit de former trois vœux, de lui faire trois demandes, et il te les accorderait, quelles qu’elles fussent.

— Oui, je me le rappelle très-bien.

— Je te conseillai, par trois fois, de demander le paradis. Mais tu ne m’écoutais pas : tu demandas d’abord qu’un vieux poirier que tu avais dans