Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/357

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ton courtil portât des fruits en toute saison, puis un fauteuil d’où l’on ne pût se relever, une fois assis dedans, qu’avec ta permission, et enfin un jeu de cartes avec lequel tu gagnerais à tout coup. Tout cela te fut accordé. Mais tu ne parlas pas eu paradis, malgré mes conseils ; tu me traitas même de vieux radoteur. N’est-ce pas vrai ?

— C’est bien vrai, monseigneur saint Pierre ; mais oubliez tout cela, je vous prie, et laissez-moi entrer. Il ne manque pas de place chez vous, je présume ?

— Non, non, Sans-Souci, tu n’entreras pas.

— Et où donc voulez-vous que j’aille ?

— Où tu voudras ; chez le diable, si tu veux.

— Chez le diable ? Je le connais bien, et j’ai déjà eu affaire à lui. Où demeure-t-il donc ?

— À la deuxième porte, à gauche.

— C’est bien ; je vais aller le voir, car je ne le crains pas.

Et Sans-Souci alla frapper à la porte de l’enfer, qui était la deuxième, à gauche : Dao ! dao ! dao !

— Qui est là ? cria une voix de l’intérieur.

— Moi, Sans-Souci, répondit-il.

— Sans-Souci ! Ah bien ! n’espère pas entrer ici, par exemple ! Nous n’avons pas oublié comment tu nous as traités, dans le vieux château d’où tu nous a chassés. Et puis, tu as vidé l’enfer et empêché d’autres d’y venir, en retenant la Mort