Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/367

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juste, et vous serez le parrain de mon fils. Venez avec moi.

Et l’homme s’en retourna à sa chaumière, emmenant avec lui le parrain qu’il voulait donner à son fils.

Le Trépas tint l’enfant sur les fonts baptismaux, et il y eut ensuite, dans la chaumière du pauvre homme, un petit repas où l’on but du cidre et mangea du pain blanc, par extraordinaire.

Avant de s’en aller, le parrain dit à son compère :

— Vous êtes de fort braves gens, votre femme et vous ; mais vous êtes bien pauvres ! Comme vous m’avez choisi pour être le parrain de votre fils, je veux vous en témoigner ma reconnaissance en vous révélant un secret qui vous fera gagner beaucoup d’argent. Vous, compère, vous allez vous faire médecin, à présent, et voici comment vous devrez vous comporter : quand vous serez appelé auprès d’un malade, si vous m’apercevez au chevet du lit, vous pourrez affirmer que vous le sauverez, et lui donner comme remède n’importe quoi, de l’eau claire, si vous voulez ; il en réchappera toujours. Si, au contraire, vous me voyez avec ma faux au pied du lit, il n’y aura rien à faire, et le malade mourra sûrement, quoi que vous puissiez faire pour essayer de le sauver.