Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/368

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Voilà donc notre homme improvisé médecin, mettant en pratique le système de son compère le Trépas, et prédisant, toujours à coup sûr, quand ses malades devaient guérir ou mourir. Comme il ne se trompait jamais et que, d’ailleurs, les remèdes ne lui coûtaient pas cher, puisqu’il ne donnait que de l’eau claire à ses clients, quelle que fût la maladie, il était fort recherché et devint riche en peu de temps.

Cependant, le Trépas, quand il avait occasion de passer par là, entrait de temps en temps pour voir son filleul et causer avec son compère.

L’enfant grandissait et venait à merveille, et le médecin, au contraire, vieillissait et s’affaiblissait chaque jour.

Un jour le Trépas lui dit :

— Je viens toujours te voir, quand je passe par ici, et toi tu n’es encore jamais venu chez moi ; il faut que tu viennes aussi me rendre visite, pour que je te régale à mon tour et te fasse voir ma demeure.

— Je n’irai que trop tôt, répondit le médecin, car je sais qu’une fois qu’on est chez vous, compère, on n’en revient pas comme on veut.

— Sois tranquille là-dessus, car je ne te retiendrai pas avant que ton heure soit venue ; tu sais que je suis l’homme juste par excellence.

Le médecin partit donc, une nuit, pour faire