Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/43

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iras avec la vache pour la vendre et en acheter une autre qui ne soit pas voleuse.

— C’est bien, maître, répondit saint Pierre.

Le lendemain matin donc, saint Pierre passa un licol au cou de la vache et alla avec elle à la foire. La vache était une belle bête, et ses mamelles étaient gonflées de lait. À peine fut-elle arrivée en champ de foire, qu’il vint un marchand qui la tâta de toutes parts, regarda dans sa bouche et demanda ensuite :

— Combien la vache, parrain ?

— Vingt écus, répondit saint Pierre.

— Bah ! vous demandez beaucoup trop ; vous n’avez été à aucune foire depuis longtemps, à ce qu’il paraît : dites quinze écus, et nous pourrons peut-être nous entendre.

— Non, il m’en faut vingt.

— Dix-sept écus, et tendez votre main[1].

— Non, non, la vache n’ira pas pour un liard moins de vingt écus, vous dis-je.

— C’est cher ; mais la vache me plaît, et si elle n’a aucun défaut...

— Aucun, si ce n’est qu’elle est un peu voleuse.

— Ah ! si elle est voleuse, je n’en veux pas.

Et le marchand s’éloigna.

  1. Les paysans bretons se frappent dans la main pour sceller tous leurs marchés.