Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/243

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poignée d’or et alla acheter des provisions, à Lannion. Il acheta du pain blanc, de la viande, du lard, du vin et chargea le tout sur son cheval, celui qu’il avait enlevé du château des brigands. Ce fut fêtes et festins, tous les jours, alors, au château des mille mottes. Marc’harit faisait des emplettes, tous les mercredis, aux marchés et aux foires du Vieux-Marché, comme les fermières riches du pays. Elle avait renouvelé toute sa garde-robe, et n’allait plus mendier, de porte en porte. Tout cela faisait jaser et l’on était généralement d’accord qu’elle avait dû trouver un trésor, ou qu’elle avait quelque commerce avec des sorcières, peut-être même avec le diable. Un chat noir qu’elle possédait et affectionnait d’une manière toute particulière était aussi soupçonné de lui fournir de l’argent, à discrétion.

D’autres, plus sensés, attribuaient tout ce changement à la présence de Bilz. Plusieurs bœufs et chevaux venaient d’être volés au seigneur du château de Kerouez, en Loguivy-Plougras, et la rumeur publique soupçonnait Bilz de n’être pas étranger à ces larcins. Le seigneur du Kerouez, qui n’était pas des plus fins, et qui prétendait néanmoins avoir tout l’esprit du monde, dit un jour devant ses domestiques :

— On parle beaucoup, depuis quelque temps, des tours et des finesses de Bilz ; je veux savoir au juste à quoi m’en tenir sur ce point et demain, sans plus tarder, je veux aller chez