Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/257

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laissée ouverte : ne sentez-vous pas comme le vent glacé arrive ici ?

Et Bilz prit ses vêtements et partit, en emportant les draps de lit.

Un moment après, arriva aussi le seigneur.

— Le mauvais garnement ! le fils de p… ! Il m’a encore échappé ! Mais, n’importe, il n’a pas tenu sa parole, et je le ferai pendre.

— De qui parlez-vous donc ainsi ! lui demanda sa femme, étonnée.

— Eh ! de qui voulez-vous que ce soit, sinon de ce démon de Bilz ?

— Mais, ne m’avez-vous pas dit, il n’y a qu’un moment, que vous l’aviez pris et que vous le feriez pendre, demain ?

— Moi ?… Quand donc cela ?

— Tout-à-l’heure, quand vous êtes venu vous coucher et que vous aviez si froid.

— Quand je suis venu me coucher et que j’avais si froid !… Je ne comprends rien à ce que vous dites. Je ne suis pas rentré, depuis que je suis sorti à la recherche de Bilz.

— Voyons, couchez-vous, vite, car, en vérité, vous ne savez pas ce que vous dites. La preuve que vous êtes rentré et que vous vous êtes recouché, c’est que vous avez emporté les draps du lit ; qu’en avez-vous fait ?

— Les draps du lit ! Comment ! les draps de notre lit ont été enlevés ?… Ah ! malédiction ! Ce démon de Bilz m’a encore joué ! Il a enlevé les draps du lit où nous étions couchés