Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/258

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ensemble, et de plus il a couché avec vous, et peut-être même !…

Et il frappait des pieds et s’arrachait les cheveux, de rage.

— Mais, je cours à l’instant chez lui, et je jure que je ne reviendrai pas avant de l’avoir transperce de mon épée et d’avoir envoyé son âme dans l’enfer, où elle devrait être depuis longtemps.

Et il se fit seller un cheval et partit aussitôt, accompagné de quatre valets.

Bilz ne s’attendait à la visite du seigneur du Kerouez que vers le soir. Aussi, était-il couché et dormait même tranquillement, quand il arriva avec ses gens. Ils brisèrent la porte, se précipitèrent sur lui, le garrottèrent et le mirent dans un sac, qu’ils avaient apporté. Puis, ils le chargèrent sur un de leurs chevaux, en travers, comme un sac de blé, et l’emmenèrent au château du Kerouez.

VII

Le lendemain matin, on délibéra sur le genre de mort que l’on choisirait, pour en finir avec le pauvre Bilz. Le seigneur voulait le faire pendre à un des chênes de son avenue, et l’y laisser manger aux corbeaux, comme il le lui avait souvent promis. Mais, la dame dit qu’elle aimait à se promener avec sa fille dans cette avenue et que, comme le drôle sentirait mauvais, quand il pourrirait, elle serait forcée de