Page:Luzel - Veillées bretonnes, Mauger, 1879.djvu/300

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— Jeunes filles et femmes, je vous en avertis, — ne mettez pas vos pots (sécher) au soleil ;

Ne mettez pas vos pots (sécher) au soleil, — ni vos ribots non plus.

Hélas ! moi je l’ai fait, — et j’ai été ainsi la cause d’un grand malheur !

Le lait a été passé au tamis, — et l’on y a trouvé une bête venimeuse ;

Et l’on y a trouvé une bête venimeuse, — dont le nom est le crapaud ![1]


— Dix-neuf personnes empoisonnées par un crapaud ! Et-ce que cela peut être vrai ? demanda Perrine.

— Certainement, puisqu’on a fait un gwerz à ce sujet, dit Marivonne.

— Avis à vous, Godic Rio, dit Séraphine, de ne pas mettre vos pots et votre ribot sécher au soleil, dans la cour.

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Nous terminerons cette cinquième et dernière veillée par la chanson suivante, qui donne une description assez exacte d’une veillée bretonne,

  1. Un pot au lait aurait été mis à sécher au soleil, dans la cour d’une ferme ; un crapaud y serait entre, puis on aurait rempli le pot de lait, sans s’en apercevoir ; ce lait aurait été servi aux laboureurs pour leur collation, au champ, et de là l’empoisonnement qui fait le sujet de ce gwerz.
    Les naturalistes nous assurent pourtant que le crapaud n’est pas un animal venimeux ; mais, les croyances populaires sont loin d’être toujours d’accord avec la science.